1. |
Alzheimer
05:42
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Le vent se lève, c'est la pleine lune. Elle veut sortir loin de ces murs, de son enfer. Alzheimer.
Quand il fait du vent dehors, que les arbres balancent comme ça leurs branches, que les hirondelles voltigent à ras le sol, elle fébrile et s'affole, enfile son pardessus son épaule; dénudée, elle part.
Elle est partie, droit dans la ville, pressée. Elle marche déjà sur place, petits pas qui piétinent devant la porte verrouillée de l'hôpital, elle gémit un peu, couine.
Elle part, elle est partie, vraiment. Comment? Personne n'a compris, au juste.
Le vent se lève, c'est la pleine lune. Elle veut sortir loin de ces murs, de son enfer. Alzheimer.
Le nom des rues qu'elle croise, elle ne les aura pas vus.
Les gens qui sont sur son passage, elle ne les aura pas vus.
Elle continue, l'oeil fixe.
Personne ne sait où elle va et si elle reviendra, seule sa démarche est sûre.
Elle file comme le vent qui l'agite, elle prend la fuite, crie, plus, s'époumone, se tait, aphone, finit par trébucher, se cogne, se relève, ne bouge plus du tout, et une voix qui lui dit comme ça:
« Madame? Madame, ça ira? Ça ira? »
Elle ne sait pas le présent c'est quand; le passé n'est plus, alors demain, n'en parlons pas.
« Ça ira? », redemande la voix.
Elle a ses yeux tout grand ouverts qui ne se questionnent plus, ils voient de la lumière, la lune là-haut qui luit. C'est trop fort pour des yeux clairs, la lune. Trop de lumière d'un coup dans sa vie d'ombre, et c'est la crue.
Madame pleure, elle verse une lourde larme qui coule lentement. Elle la sent qui descend le long de ce sillon, son doigt suit le chemin.
La larme vient se loger au coin des commissures qui s'écartent doucement, se soulèvent; elle sourit.
Elle se sent presque bien, goûte à la goutte de ses prunelles -salée- c'est bon, elle se sent pleine.
La lune comme un soleil, ravissante, éclaire et sèche en un instant sa peau creusée de cette larme de pierre.
Elle sourit toujours. Son corps se souvient; la main sur sa joue, elle a pleuré. Elle est tombée, elle a eu mal, mais rien de grave, « ça va, ça va » dit-elle.
Le vent est tombé. Elle marche, traine les pieds, son sourire toujours accroché, ses yeux rivés au ciel sur la lune.
Elle attend
le moment
de la prochaine
crue.
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2. |
Je cours
04:25
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Qu'est-ce qui te fait courir? (x3)
Qu'est-ce qui te fait courir aussi loin?
Qu'est-ce qui te fait courir aussi haut?
Qu'est-ce qui te fait courir au-delà?
Qu'est-ce qui te fait courir par-delà?
Qu'est-ce qui te fait courir à bout?
Qu'est-ce qui te fait courir debout?
Qu'est-ce qui te fait courir à tant?
Je cours parce que je le veux
Je cours pour défaire les nœuds
Je cours et je me détache
Je cours sans laisser de trace
Je cours et vers l'infini
Je cours et vers mon horizon
Je cours pour cracher la fumée
Je cours je ne sens plus mes pieds
Je cours comme une glissade
Je cours avant le décollage
Je cours comme je crie
Je cours comme j'écris
Je cours pour ne pas frapper
Je cours pour ne pas sombrer
Je cours pour ne pas, pour ne pas... tomber
Je cours tel un fugitif
Je cours je sens qu'on me traque
Avant que tout ne se détraque
Je cours en instance
Un caillou serré dans le poing
Je cours pour échapper à l'ennui
Au train-train, à la monotonie
Je cours à toute berzingue
Vitesse de pointe, allure de dingue
Je cours et je ne vois plus net
Je cours et plus rien ne m'arrête
Je cours j'ai les yeux fermés
Je cours et ça tambourine
Je cours pour l'entendre battre
Être sûre qu'il y a quelqu'un
Je cours contre l'immobile,
L'involution et l'impossible
Je cours de peur d'y arriver
Et surtout pour ne plus y penser
Je cours sinon je t'étouffe
Je cours balancer de l'amour
Je cours vers toi, moi, elle et lui
Je cours je sais plus où j'en suis
D'ailleurs je ne l'ai jamais su
Je cours tu n'écoutes plus
Je cours tu viens dans la transe
Je cours pour éviter la dépendance
Je cours en proie à mes doutes
Je cours et jamais je ne me retourne
Je cours accrochée aux étoiles
Je cours contre le vent
Je cours à contretemps
En avant, à reculons
Pour jouer avec les perceptions
Je cours, je suis ivre
Je cours et je me sens vivre
Je cours contre les gens qui piétinent
Contre ceux qui se débinent
Et ceux là-mêmes qui tournent en rond,
Je cours contre les butés, les cons,
Les plus-que-têtus et puis les moutons,
Je cours contre l’opiniâtreté
Ceux qui pensent que rien ne peut changer
Je cours contre ceux qui se cramponnent,
Qui ne lâchent rien, qui s’époumonent,
Je cours après mon héroïne,
Pas besoin de toutes ces substances,
Je cours et je me mets en transe
Je cours, je cours, je cours
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3. |
La dictature du cortex
06:01
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Perdue dans la nature
J'exulte j'exulte
Je suis les balises que le hasard a posées
Envahie d'innombrables pensées
Rendue au milieu de rien
J'exulte j'exulte
Autour j'en vois qui se donnent
De l'amour et qui se pardonnent
Quand le mental fait sa loi, il est le roi, il est le roi
Le corps dépecé suit en corbillard
Tel un zombie perdu dans le brouillard
Je ferais n'importe quoi, aveugle sourd
Insensible, quand le mental fait sa loi
Il est le roi, il est le roi
J'm'oublie, et si j'aimais ça?
Perdue dans la nature
J'exulte j'exulte
Je suis les balises que le hasard dépose
Âme captive de mes pensées en rose
Quand le mental fait sa loi, il est le roi, il est le roi
Le corps dépecé suit en corbillard
Tel un zombie perdu dans le brouillard
Lueur, lueur de l'aube
Réconciliée avec mon âme
Mais réflexe du cortex
Reconnexion... attention
À l'assaut du système cortical
À l'assaut et sans arme
Que le corps pour me sortir de là
De cette dictature qui empêche d'être soi
Je ne veux pas sortir, je veux rester là
Dans cet état-martyre, oui, je veux rester là
Je ne veux pas sortir, je veux rester là
Ramenez-moi, ramenez-moi hors de chez moi
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4. |
La vague
02:15
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La plus légère ride peut rider un lac d'huile.
Les dés sont jetés,
ses chiens sont lâchés
et donnent un parfum de fin.
Car le soir, déjà,
entre en trombe,
et il en tombe-
ra, plus tard,
après que ce trou noir
l'a absorbé.
Le ciel s'encrasse,
ses ombres s'entassent,
déjà, le tonnerre gronde.
La vague progresse,
la vague ne cesse
de l'emporter.
Fermons les yeux,
traçons tout droit, oui
bientôt, tout sera fini.
Les femmes puis l'enfant d'abord
ensuite viendra la vie,
naturellement, dehors.
Chronique d'un n-ième crash,
mayday! Le décor s'arrache
sans crier gare.
J'griffe, j'creuse, j'racle les fonds de tiroirs
lacère, fracasse mes derniers espoirs.
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5. |
Mes ombres
04:10
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Incrustées dans les murs,
cachées dans mes fissures,
elles se détachent telles des peintures
monochromes. (x2)
Mes ombres, mes ombres
Au rayon fixe, j'ai les idées floues,
je focale X, un point c'est tout.
Je les vois elles sont là, partout,
âmes de mes amours mortelles.
Face à la glace j'enlève mon gloss,
plus de strass ni de trace de faux,
j'fais semblant de ne pas voir sur ma peau
Mes ombres, mes ombres
Au rayon fixe, j'ai les idées floues,
je focale X, un point c'est tout.
Encore une qui va me rendre fou...
Au bord du précipice, à deux doigts du vertige,
3 millions de pixel dans la peau, je balise.
J'ai le diaphragme diaphane, bloqué à l'ouverture,
changer de perspective, ne pas focaliser bien sûr.
Mes ombres, mes ombres
Au rayon X, le "je" deviens "nous"
Mon objectif éclair: s'ouvrir à tout.
Un jour, si elles reviennent,
parce qu'elles reviennent toujours,
je laisserai les ombres filer,
je laisserai les ombres filer,
venir couvrir mes murs de toiles monochromes
d'étoiles monochromes.
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6. |
La nuit, il fait jour
04:55
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La nuit, il fait jour, j'te jure.
Envolée de pensées perdues apparaissent,
nues, d'un coup d'un seul.
Y a tout qu'est net, y a tout qu'est net,
ça se connecte.
Et tout s'éclaire comme en plein jour,
la nuit,
il fait jour, j'te jure.
C'est pas des blagues! C'est du vécu, j'ai vu.
Tu m'crois pas? J'en étais sûre!
Là tu comprends pas, c'est la journée
Mais la nuit, c'est autre chose.
On comprend tout, ça vient d'un coup,c'est évident.
Même toi tu m' comprendrais la nuit,
j'suis pas pareil,
bien différent,
si différent
de nuit.
J'ai vue sur la mer, comme en plein jour,
faudrait qu'tu vois ça mon amour,
tellement... tellement c'est beau.
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